13 mai 2012
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(Toujours extrait de la même toile à venir... Quel suspens!)
Première soirée
Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds si fins, si fins.
Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, - mouche au rosier.
Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s'égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : " Veux-tu finir ! "
La première audace permise,
Le rire feignait de punir !
Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : " Oh ! C’est encor mieux !...
Monsieur, j'ai deux mots à te dire... "
Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D'un bon rire qui voulait bien...
Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Arthur Rimbaud
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8 mai 2012
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(Toujours extrait de la même toile à venir... Quel suspens!)
Elle est gaie et pensive ; elle nous fait songer
À tout ce qui reluit malgré de sombres voiles,
Aux bois pleins de rayons, aux nuits pleines d'étoiles.
L'esprit en la voyant s'en va je ne sais où.
Elle a tout ce qui peut rendre un pauvre homme fou.
Tantôt c'est un enfant, tantôt c'est une reine.
Hélas ! Quelle beauté radieuse et sereine !
Elle a de fiers dédains, de charmantes faveurs,
Un regard doux et bleu sous de longs cils rêveurs,
L'innocence, et l'amour qui sans tristesse encore
Flotte empreint sur son front comme une vague aurore,
Et puis je ne sais quoi de calme et de vainqueur !
Et le ciel dans ses yeux met l'enfer dans mon cœur !
Victor Hugo
A
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3 mai 2012
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(Toujours extrait de la même toile à venir... Quel suspens!)
Amour, je ne me plains de l'orgueil endurci
Amour, je ne me plains de l'orgueil endurci,
Ni de la cruauté de ma jeune Lucrèce,
Ni comme, sans recours, languir elle me laisse :
Je me plains de sa main et de son godmicy.
C'est un gros instrument par le bout étréci,
Dont chaste elle corrompt toute nuit sa jeunesse :
Voilà contre l'Amour sa prudente finesse,
Voilà comme elle trompe un amoureux souci.
Aussi, pour récompense, une haleine puante,
Une glaire épaissie entre ses draps gluante,
Un œil hâve et battu, un teint pâle et défait,
Montrent qu'un faux plaisir toute nuit la possède.
Il vaut mieux être Phryne et Laïs tout à fait,
Que se feindre Portie avec un tel remède.
Pierre de Ronsard (1524-1585)
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28 avril 2012
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Acrylique sur toile (détail) 2012
(fragment toujours extrait de la même toile)
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24 avril 2012
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Acrylique sur toile (détail) 2012
L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.
Arthur Rimbaud 1871
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18 avril 2012
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Acrylique sur toile (détail) 2012
Mes petites amoureuses
Un hydrolat lacrymal lave
Les cieux vert chou :
Sous l'arbre tendronnier qui bave,
Vos caoutchoucs
Blancs de lunes particulières
Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères
Mes laiderons !
Nous nous aimions à cette époque,
Bleu laideron !
On mangeait des œufs à la coque
Et du mouron !
Un soir, tu me sacras poète
Blond laideron :
Descends ici, que je te fouette
En mon giron;
J'ai dégueulé ta bandoline,
Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
Au fil du front.
Pouah ! mes salives desséchées,
Roux laideron
Infectent encor les tranchées
De ton sein rond !
Ô mes petites amoureuses,
Que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses
Vos tétons laids !
Piétinez mes vieilles terrines
De sentiments;
Hop donc ! Soyez-moi ballerines
Pour un moment !
Vos omoplates se déboîtent,
Ô mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent,
Tournez vos tours !
Et c'est pourtant pour ces éclanches
Que j'ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches
D'avoir aimé !
Fade amas d'étoiles ratées,
Comblez les coins !
− Vous crèverez en Dieu, bâtées
D'ignobles soins !
Sous les lunes particulières
Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères,
Mes laiderons.
Arthur Rimbaud 1871
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12 mars 2012
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Acrylique sur toile 100 cm x 100cm 2012
Papa… Toujours tu courras sur la plage ! Toujours je te poursuivrai avec mon seau d’eau de mer qui bringuebalera au bout de mes bras tendus. Et jamais, même quand tu seras vieux, je ne te rattraperai… Je te verrai à jamais à genoux dans le sable, les fesses en l’air, pour bâtir notre château tout en douves et créneaux, si joliment décoré de coquillages.
Et toi maman, tu n’en finiras jamais de relire ces bouquins compliqués dont les titres à eux seuls sont de profondes énigmes. Tes cours d’aquagym pour mincir et tes exercices de respiration feront de toi la plus belle contre toutes les autres et à tout jamais.
Je vous sais pour l’éternité derrière moi vous tenant par la main, épaule contre épaule, le soir à la promenade quand le ciel devient mauve, et je serai toujours sous votre regard bienveillant celui qui poussera tendrement une sœur qui, sans cesse, s’endormira en souriant…
Même quand elle ne sera plus là, que les années auront passé, je reconstruirai par mon imagination la seule vraie vie qui vaille et qui jamais ne saura passer...
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2 mars 2012
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Acrylique sur toile 100 cm x 100cm 2012
... Une fois mon pote déposé, le casque que je lui avais prêté dans le pli de mon bras, je suis repassé devant Claire qui attendait toujours qu’on la ramène. L’occasion était trop belle de jouer les chevaliers servants. Je me suis arrêté et, dégageant ma tignasse frisée du casque qui l’étouffait, je lui ai proposé de la ramener avec un sourire timide. Elle a regardé ma moto avec un peu d’inquiétude et n’a pas dit non. Je l’ai aidée à enjamber ma jolie mécanique, lui ai montré comment attacher la jugulaire et d’un coup de talon vigoureux j’ai mis les gaz. Elle m’a gentiment tapé sur l’épaule et m’a demandé où l’on se tenait en agitant ses mains blanches, ainsi que le font, c’est bien connu, les petites marionnettes. J’ai attrapé ses poignets (c’est là que commence le piège à filles…) et je l’ai amené doucement à entourer ma taille de ses bras charmants. Au moment où nous démarrions l’autocar de la Compagnie Normande d’Autobus montrait sa face mafflue et descendait vers nous. C'était en 1976...
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26 février 2012
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Acrylique sur toile (détail) 2012
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15 février 2012
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Acrylique sur toile 100 cm x 100cm 2012
Les Bienfaits De La Nuit. À Raoul Lafagette.
Quand le chagrin, perfide et lâche remorqueur, Me jette en ricanant son harpon qui s’allonge, La Nuit m’ouvre ses bras pieux où je me plonge Et mêle sa rosée aux larmes de mon coeur. À son appel sorcier, l’espoir, lutin moqueur, Agite autour de moi ses ailes de mensonge, Et dans l’immensité de l’espace et du songe Mes regrets vaporeux s’éparpillent en choeur. Si j’évoque un son mort qui tourne et se balance, Elle sait me chanter la valse du silence Avec ses mille voix qui ne font pas de bruit; Et lorsque promenant ma tristesse moins brune, Je souris par hasard et malgré moi, - la Nuit Vole, pour me répondre, un sourire à la lune.
Maurice Rollinat (1846-1903)
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